Les maisons vides
J'ai toujours aimé les maisons vides. J'ai toujours aimé les maisons pauvres, dépourvues de meubles et de confort. Je me souviens encore du jour où je suis rentrée dans notre nouvelle maison à Porto Alto. Elle venait d'être bâtie par mon propre père. Mais elle n'était encore finie. Ma petite chambre n'avait toujours pas de fenêtre. Une brique de moins, ouverte sur les champs, sur le marécage, la remplaçait. Le soir, la brique en position, la fenêtre se fermait. C'était ma première chambre à moi. J'avais 11 ans et j'en étais ravie. Cette pauvreté fut, pour moi, le symbole de ma liberté. La liberté de posséder ma propre chambre. C'est peut-être à cause de ça que je m'en souviens encore, que ça me fait toujours des frissons d'y penser. Un autre souvenir que je garde encore c'est celui de mon premier appartement. Mon appartement de rêve, duquel je rêve encore. Il était petit et mignon ; il avait du cachet. Ses fenêtres s'ouvraient sur le